Le gouvernement socialiste espagnol a donné son feu vert, mardi 7 octobre, à la prescription de médicaments à base de THC. Mais seulement par des médecins hospitaliers.

Un jour historique
, exulte Carola Pérez, la présidente de l’Observatoire espagnol du cannabis thérapeutique, dans El Pais. Mardi, le gouvernement socialiste a approuvé un décret royal réglementant l’usage de produits à base de THC (tétrahydrocannabinol), une molécule aux effets psychotropes, dans un but médical.
Mais pas de blanc-seing pour les patients en souffrance. Ces médicaments ne pourront être délivrés que par des spécialistes, en milieu hospitalier, et non par des généralistes. De même, seuls les services pharmaceutiques hospitaliers agréés seront autorisés à les délivrer. Cela répond à la nécessité d’offrir une alternative thérapeutique dans les cas où les traitements conventionnels ne sont pas efficaces
mais seulement lorsque l’utilisation [du cannabis] sera justifiée cliniquement
, insiste la ministre de la Santé, Monica Garcia.
Disponible dans 21 pays de l’Union européenne
Qui pourra en bénéficier ? En priorité, les patients souffrant de formes sévères d’épilepsie ; de spasticité [raideur musculaire] due à la sclérose en plaques ; de nausées et vomissements associés à la chimiothérapie ; ou de douleurs chroniques réfractaires
, qui ne peuvent être soulagées par d’autres médicaments, liste le ministère. Cette liste n’est pas exhaustive
, note le quotidien El Mundo. Selon le décret royal, l’Agence espagnole des médicaments et des produits de santé (AEMPS) dispose de trois mois pour préciser les utilisations cliniques autorisées, ainsi que les dosages. Ils pourront évoluer au gré des découvertes scientifiques
, explique le ministère de la Santé.
Un soulagement pour les associations de patients, relate El Pais, car le texte ouvre la voie à l’ajout d’affections initialement non incluses, comme l’endométriose ou la fibromyalgie, pour lesquels les opioïdes sont inefficaces
.
En légalisant le cannabis thérapeutique, l’Espagne emboîte le pas à vingt pays de l’Union européenne (Belgique, Allemagne, Italie, Portugal, Luxembourg…). La France tergiverse toujours. Une expérimentation, lancée dès 2021, pour trois ans, a finalement été prolongée jusqu’au 31 mars 2026. Près de 3 000 patients souffrant de maladies graves (cancers, douleurs neuropathiques, épilepsie…) y ont déjà pris part.
En Israël et au Canada, des pays ayant une longue tradition d’usage médicinal du cannabis, entre 0,6 % et 0,7 % de la population en consomme régulièrement. En extrapolant, El Pais a calculé que cela pourrait concerner près de 300 000 patients, en Espagne.
Source: Ouest-France Cécile RÉTO.


